». Cette compilation d’un ancien dicton et d’un slogan en vogue en 68, trouve au Crès toute sa valeur au regard d’un évènement survenu au mois de mai, il y a 885 ans, donc en 1125.
Depuis quelques mois, un différend, né du détournement d’un point d’eau par Bernard IV de Mauguio au détriment de Guilhem VI de Montpellier, oppose dans le sang et moult autres méchancetés réciproques nos deux seigneurs locaux.
Las de voir ses ouailles guerroyer en ces temps déjà suffisamment difficiles, Gautier de Lille, évêque de Maguelone intervient auprès des protagonistes et les invite à trouver « une noble solution ». Après reconnaissance des torts mutuels et indemnisations pour les dégâts occasionnés dans les deux camps, Bernard et Guilhem s’en viennent au Crès signer, sur l’autel de notre église, un traité de paix. Le choix du Crès semble motivé par le fait qu’il se trouve à mi-chemin entre Montpellier et Mauguio et à l’époque, propriété du Seigneur de Castries, donc en terrain neutre. Imaginons, avec le faste des costumes d’apparat et du cérémonial propre à un tel évènement, le spectacle offert dans « ce trou perdu de la garrigue languedocienne » à nos lointains prédécesseurs.
Nos deux ennemis enfin réconciliés, ne seraient certes pas restés insensibles à l’aménagement récent de la place de l’église, qui leur aurait évité de chevaucher et piétiner dans la poussière d’antan. Quant à leurs fantômes, ils hanteront peut-être, l’annuelle fête médiévale au mois de mai.